PRÉSENTATION

Le thème de cette école thématique est en lien direct avec le contexte de crise sanitaire actuel. Il inclut un enjeu majeur de surcroît, celui du risque climatique et de ses incidences observables et attendues, notamment sur le système de santé et sur la santé humaine.

Au niveau mondial, la revue scientifique The Lancet de 2018 [1] fait ressortir que les changements actuels en matière d’épisodes climatiques extrêmes (canicules, grands froids, inondations, etc.) [2], de capacité de travail, de maladies à transmission vectorielle et de sécurité alimentaire constituent un avertissement concernant les impacts accablants pour la santé publique. Les tendances en matière d’impacts, d’expositions et de vulnérabilité face aux changements climatiques font apparaître un niveau de risque inadmissible pesant sur la santé actuelle et future des populations du monde entier [3]. La faiblesse de mise en œuvre de capacités d’adaptation est une menace tant pour les vies humaines que pour la pérennité des systèmes de santé nationaux dont les capacités d’adaptation dépendent, venant potentiellement perturber lourdement les infrastructures de santé publique et les services de santé. Dans l’épisode actuellement traversé par la crise sanitaire inédite du coronavirus, il ressort d’autant plus notablement que les capacités d’anticipation et d’adaptation des organisations humaines [4], ici les services et établissements sanitaires, se trouvent être mises à mal du fait de comportements individuels et collectifs. Comment face à de telles situations de crise sanitaire exceptionnelle et aux risques engendrés, ces organisations peuvent-elles anticiper, prévenir et réagir méthodiquement ?

Certains grands cadres de pensée et d’action structurent les scénarios de réponse en situation critique : l’approche par l’évaluation des risques (aussi dite assurantielle), l’approche par la « résistance » (défense et mesures de protection), l’approche par la gestion des réparations (dite aussi restauratoire), ou encore celle dite d’adaptation (« résilience ») [5]. Il s’agira d’examiner de plus près les présupposés rationnels de ces cadres de pensée et d’action et d’en confronter leur pertinence et l’efficacité au regard des situations réelles et concrètes des établissements humains, et plus précisément les services et organisations sanitaires. Pour assurer la stabilité et la capacité de survie ou de pérennité d’une organisation, ou d’une société frappée par une catastrophe ou par tout évènement non linéaire ni prévisible, quelles stratégies adopter ? Comment identifier à travers les modèles de prévision les « points de basculement » (tipping point) ou seuils au-delà desquels des processus irréversibles sont enclenchés avec amplification ? Le champ de recherche proposé touche de près le contexte actuel de situation de crise sanitaire et constitue une première étape dans la formation d’une communauté scientifique autour de l’Intelligence Environnementale et territoriale (porté par les unités de recherche des sites rennais et breton).

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[1] https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(18)32594-7/fulltext

[2] GIEC. (2014). Changements climatiques 2014 : Rapport de synthèse. Contribution des groupes de travail I, II et III au cinquième rapport d’évaluation du GIEC. [Rédacteurs principaux : R.K. Pachauri et L.A. Meyer]. GIEC, Genève, Suisse, 151 pages.

[3] Magnan Alexandre K., Duvat Virginie et  Garnier Emmanuel, Reconstituer les « trajectoires de vulnérabilité » pour penser différemment l'adaptation au changement climatique, Natures Sciences Sociétés 2012/1 (Vol. 20), pages 82 à 91.

[4] Smit Barry, Wandel Johanna, Adaptation, adaptive capacity and vulnerability, Global Environmental Change 16 (2006) 282–292

[5] André Dauphiné André et  Provitolo Damienne, La résilience : un concept pour la gestion des risques, Annales de géographie 2007/2 (n° 654), pages 115 à 125.


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